03 Novembre 2013 : Marathon de New York

Pas besoin de réveil! On émerge à la même heure que les 2 matins précédents. Je suis calme. Une bonne douche pour bien se réveiller puis méthodiquement je m’habille. Comme un scanner, je vérifie ce que je porte des pieds à la tête.

5h: On va déjeuner. Aujourd’hui, on a droit à un breakfast américain: œufs brouillés, patates sautées, muffins, jus d’orange, lait, café ou thé. On retrouve nos amis du Cap Melgueil déjà attablés. Ils sont calmes aussi.

5h45: Départ de la navette. Petit signe à Pierre (non autorisé à nous suivre) et on est parti. Heureusement que je ne suis pas seule, je pense que j’aurai angoissé. Merci à Sébastien et Aurore d’être avec moi car l’attente va être longue. On met environ ¾ d’heure pour arriver à la zone militaire désaffectée de Staten Island. Là, des centaines de bus essayent de se garer!! Nous descendons du notre et suivons le flot de coureurs, tous transis dans ce froid piquant et surprenant, vu le beau temps des 2 derniers jours. Passages de sécurité franchis, nous nous retrouvons dans un immense terrain. Des stands de cafés, thés, muffins, des marabouts ici et là, une estrade pour la radio et la télé, des gens assis par terre de partout, des cabines toilettes par centaines… bref effervescence de tous côtés.
On fait le tour en marchant pour se réchauffer un peu. S’est joint à nous le gars de Grenoble. Il est tout seul et bien content ne plus l’être. Il fait vraiment très froid! Après un 1er tour, on squatte une table, un peu à l’abri du vent. Je ne regrette pas d’avoir pris un gros pull + une cape imperméable. Malgré ce gel, je m’hydrate beaucoup. Suivant les conseils d’un copain, depuis 3 jours je bois 1,5L de boisson Isostar-avant course ! ça contient tout ce dont le corps à besoin et surtout ça devrait m’éviter d’avoir des crampes, dont je suis sujette.
On discute, échange nos récits sur nos précédentes courses, nos pronostics ou nos espérances pour celle-ci et le temps passe. Après un 3ème tour de terrain, on « s’invite » sous un marabout réservé à un club et là c’est le paradis. Il est chauffé! Quel bonheur! On se sent mieux, on récupère un peu d’énergie. Mais avec tout ça, il est l’heure que je rejoigne mon sas! Je laisse mes 2 copains capeurs (le grenoblois est parti 30mn avant moi). On se souhaite bonne course et à ce soir pour fêter ça!!!
Me voilà seule.
Je trouve, sans mal, mon sas que j’avais repéré avant, et m’intègre au groupe. Le froid me ressaisit mais je laisse quand même ma cape là avec tout un tas d’autres vêtements. Je garde mon pull car il n’est que 10h10. Il me faut encore attendre 20mn. On avance tout doucement, presque en silence. Je ne prête pas vraiment attention à ceux qui sont autour de moi. Pourtant, je ne sais pas comment, à un moment donné, mes yeux s’arrêtent sur une fille qu’il me semble reconnaître.
Mais! Je ne rêve pas! C’est bien elle! Marie-José Pérec! Ah, si ma belle-sœur Muriel était là!!
Elle, qui voulait à tout prix que je m’arrange pour la voir! Eh, bien je vais faire mieux. Je m’avance toute interloquée et elle se retourne. Elle me sourit, voyant mon étonnement! Et la conversation s’engage. Elle est très sympa, c’est son 1er marathon. J’ose même lui demander qu’on se prenne en photo ensemble, ce qu’elle accepte sans problème. Puis dans un mouvement de foule, les rangs se resserrent, il est presque l’heure. Je quitte gros pull et caleçon que je dépose pour les dons. Nous nous saluons mutuellement et là il n’y a plus personne, je rentre dans ma bulle. J’entends le tir du canon. A petit trop, je m’avance vers la ligne de départ.

10h32, j’enclenche le chrono et passe le  » 1er bip « .
Je me suis donnée une ligne de conduite: courir à 9,8 km/h tout le long. Pourrais-je m’y tenir?
On est sur le pont de Verrazzano. Le 1er pont. Immense, 4 voies, long de presque 2km sur 2 niveaux!!
Moi, je suis sur celui de dessous. Un courant d’air terrible, me fouette. Le froid humide de l’eau qui remonte, me fait grelotter. J’aperçois le bateau qui projette des jets d’eau, c’est trop beau! Je me sens bien. Des hélicoptères nous accompagnent. Il y a une ambiance survoltée! Si ce n’était pas la difficulté de cette 1ère bosse, qui me ramène à la réalité, je me croirai en train de voler!!
C’est extraordinaire ! Je cours juste derrière MJ Pérec et ses amies mais à la sortie du pont, je les dépasse et ne les reverrai plus.

Après, jusqu’au 6ème km, c’est un faux-plat montant, je me tiens à mon allure. Descente jusqu’au 8ème km. Oh! Je suis à 11,8km/h! Ou lala! Attention, reste vigilante!
Je passe les 10km en 1h02 à ma montre. Bien, je suis bien. Je traverse le quartier de Brooklyn. Pas de hauts immeubles, ici. 4 ou 5 étages maxi, en briques rouges et avec les escaliers extérieurs en zig zag (encore décor de cinéma !). Les spectateurs sont nombreux et nous encouragent tout le long. On dirait qu’ils ne s’arrêtent pas de taper dans leurs mains ou de crier! Ça fait chaud au cœur! Ils semblent plus contents que nous, qu’on soit là! (peut-être à cause de l’annulation de l’édition 2012…)

Je continue en maintenant mon rythme mais ce n’est pas facile, un coup je suis en dessus, un coup en dessous… Je suis très étonnée de ne voir aucun ravitaillement solide! Les 2 premiers n’avaient que des boissons énergisantes et je n’aime pas ça! Par la suite, il y aura aussi de l’eau mais toujours rien à manger. Je n’ai pas vraiment soif avec ce froid, mais je me force à boire.
Un peu avant le 15ème km ça monte, puis descend jusqu’au 15 et remonte jusqu’au 17 et enfin un plat jusqu’au 2ème pont qui marque le semi. Je le passe en 2h11, en compagnie de 2 français avec qui j’échange quelques impressions. Ils sont de Lyon. Puis chacun reprend sa course. Je me sens toujours bien et présume que je finirai; mais ne vendons pas la peau de l’ours…!!

Après ce pont, on passe dans le Queens. C’est plat jusqu’au 3ème pont « le Queensboro bridge » où le froid me ressaisit. (toujours les passages au dessus de l’eau) Brrrrr! De l’autre côté, m’attend Pierre. On s’est fixé un rendez-vous entre le 25 et 27ème km, sauf qu’on n’a pas précisé le côté (droit ou gauche?). Je brandis un fanion de « SUSSARGUES EVASION  » pour qu’il me repère. Et me voilà, sortant du pont, les bras en l’air, guettant de tous les côtés en espérant voir mon homme! Je cours sur la 1er avenue de Manhattan qui doit faire 15m de large! et 5km de long!! avec une foule agglutinée derrière les barrières dans un fond sonore assourdissant! Comment veux-tu que je te vois?! J’insiste, je résiste, je maintiens ce fanion le plus haut possible mais après 1h j’en peux plus!! Non, je plaisante! Passée le 27ème, j’y crois plus. On s’est raté…

Un petit coup de blues m’envahit, d’autant plus que le début de l’avenue est montante. Je me ressaisis et me dis que si je ne l’ai pas vu, peut-être que lui m’a vu.

Allez! Faiblis pas Colette!! Tu arrives au 30ème. Cette avenue est interminable, usante! (C’est parait-il là, qu’il y a le plus d’abandons) Arrive le 4ème pont. Il débouche dans le Bronx. Nous faisons qu’un petit tour dans ce quartier et rapidement nous passons sur le 5ème et dernier pont.

Retour dans Manhattan par la 5ème avenue. Je viens de passer le 35ème km. J’ai perdu du temps sur mon challenge, entre 6 et 8mn. J’essaye d’accélérer mais je n’y arrive pas. Je suis déjà à mon max! Oh et puis elle m’énerve cette montre! Je ne la regarderai plus! Je lâche rien mais me prends plus la tête avec ce chrono! Je cours sans plus trop regarder le décor, j’attends cette satanée entrée du Parc qui me signalera que je suis à 5km du final. Ah ça y est! je la vois.

J’entre dans le parc, le sourire me revient. C’est beau, c’est vert! Ça me manquait. J’entends de nouveau les encouragements incessants du public. Mais qu’est ce qu’ils sont contents!! C’est fou! L’énergie me revient, je décompte les kilomètres dans ma tête. Plus que 4, 3… Là, je me fais doubler par les porteurs de ballons « 4h30 »! Ah non! Pas ça! Je vais m’accrocher à eux comme une arapède! Je ne les lâcherai pas! Des ailes me poussent! Je sens bien que ma foulée s’allonge. Ils doivent avoir un peu de retard sur leur timing car ils déboulent à fond la caisse!! Je les suis de très prês malgré les bosses qui se succèdent sur ces derniers km. Les cris de la foule s’amplifient, l’arrivée n’est surement pas loin. Je tiens bon, ma gorge se serre, mon nez renifle, mes yeux se remplissent de larmes…oui! mais de joie !!

Je l’ai FINI!!! Dernier « bip »
Je passe l’arche d’arrivée, à nouveau bras tendus avec le fanion de mon cher club Sussarguois! Je suis trop contente malgré mes pleurs…! C’est bizarre mais c’est comme ça! L’émotion est trop forte. J’ai mis 4h31’40 ».

Je marche pour éviter les crampes qui commencent à titiller mollets et cuisses. Tous les coureurs, autour de moi, sont dans le même état. On avance machinalement. Une haie d’organisateurs nous interpelle pour nous passer « LA MEDAILLE finisher » autour du cou!! Ça y est! Je l’ai! Ils nous enveloppent aussi d’une couverture de survie. Eh oui, je me rends compte que je grelotte. L’effort stoppé, le froid gagne. J’essaye d’accélérer le pas pour sortir de cette foule, mais ce n’est pas facile. On est trop nombreux. Un circuit de barrières nous conduit à l’extérieur du Parc mais le rythme est lent. Je n’arrive pas à me réchauffer. Je sors de Central Parc au niveau de la 73ème rue! Oh lala! Je dois retrouver Pierre avec mes affaires à la 52ème! Trop dur! Je serai congelée d’ici là! Mais, j’aperçois des organisateurs le long d’un stand. Une dame me fait signe, toute souriante. Et malgré que je ne comprenne rien à ce qu’elle me dit, je m’approche. Elle me tend un sac garni de ravitaillement et de pubs et m’enveloppe dans une cape polaire!! Ah c’est un cadeau du Père Noël! Thank you, thank you! J’ai envie de l’embrasser, oh, comme ça fait du bien de se sentir au chaud!

Je sors juste 2 doigts de mon abri pour manger le sachet de petits bretzels. Hum! Trop bon! Le corps et le cœur ainsi réchauffés, je vais pouvoir rejoindre Pierre.
Je le retrouve enfin au bout de 2h!! Après ces félicitations, récits de chacun et 1h de plus, on arrive à l’hôtel !
Bonne douche et petit repos.
A 19h, comme prévu, on descend à la réception pour retrouver Sébastien et Aurore.
Ils sont souriants et contents d’aller fêter l’évènement! Médailles autour du cou (c’est la tradition), nous allons trinquer dans un pub non loin de là. Décor chaleureux, tables et chaises en bois massif, ambiance animée par plusieurs groupes de jeunes. Cette fois, nous pouvons allégrement savourer la bière américaine! Jolie photo souvenir. Nous sommes ravis que cette épreuve soit terminée et bien passée. C’est sans scrupule que nous allons déguster un bon gros hamburger/frites!! Après ces délices et beaucoup de rigolades, nous rentrons tranquillement.

Il fait très froid ou c’est la fatigue qui nous gagne?! Nous n’irons pas marcher sur le pont de Brooklyn ce soir! Tant pis. Cette agréable soirée se termine là.
Je me couche pensant à tous ceux qui m’ont aidé d’une façon ou d’une autre à réaliser ce rêve :
Aide financière, conseils pour le voyage, accompagnement pour l’entrainement, tranquillité pour la garde de mon fiston Nicolas, encouragements (avant, pendant et après course), par tous vos messages, rappels de vos faits, paroles ou états tout au long de ces 42km (cela m’a permis de ne pas flancher) et surtout soutien inconditionnel de mon mari!

A vous tous merci, merci! Sans vous, je n’y serai jamais allée.

Colette

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